Solitude et santé mentale: Impacts psychologiques de l’isolement social

être seul souffrir douleur psychologique
"La solitude peut être une forme de compagnie" M.Levy

Solitude et santé mentale

Les impacts psychologiques de la solitudes

Qu'est-ce que la solitude :

La solitude fait partie de la condition humaine. Quelque soit notre âge ou notre condition, nous pouvons êtes touché par un sentiment de solitude ou d’isolement. Solitude de l’existence, elle nous accompagne de la naissance jusqu’à la mort.

 

Toutefois, l’attitude face à la solitude est différente d’un individu à l’autre. Certaines personnes auront tendance à la rechercher tandis que d’autres vont la fuir. Les impacts psychologiques de l’isolement social peuvent alors être très douloureux. 

 

Voici les 3 définitions  du Larousse [1] sur la solitude :

 

  • État de quelqu’un qui est seul momentanément ou habituellement. La personne peut profiter de cet instant de solitude pour réfléchir et aimer cette solitude. Ici, l’état est choisi et non subi.
  • État de quelqu’un qui est psychologiquement seul. On parle alors de solitude morale. Ici, l’état sera plutôt subi.
  • Caractère d’un lieu où l’on se sent isolé. On peut par exemple ressentir de la solitude à travers l’immensité d’un paysage de montagne, de mer ou en forêt. On peut aussi se sentir très seul dans un nouveau lieu. La solitude que peut parfois ressentir l’expatrié en est un exemple.

Ainsi, la solitude sera vécue différemment selon qu’elle est choisie ou subie, ponctuelle ou durable. Voyons donc plus en détails chaque aspect de la solitude.

La solitude choisie :

La solitude, lorsqu’elle est choisie, peut représenter une avenue très positive pour l’être humain.

 

Françoise Dolto, la solitude permet de voir et entendre là où d’autres ne feront que regarder et écouter. Très précieuse, Dolto la caractérise comme  « une  amie inestimable, ennemie mortelle – solitude qui ressource, solitude qui détruit, elle nous pousse à atteindre et à dépasser nos limites. » [2]

estime de soi confiance valeur positivité
La solitude, un espace à soi, pour soi:

S’isoler des autres temporairement permet de lâcher prise avec le monde extérieur. Choisir intentionnellement la solitude c’est choisir la liberté, celle de s’accorder un moment à soi, permettant de revisiter son monde intérieur.

 

C’est un moyen efficace de se connecter à ses émotions mais aussi de prendre conscience de ses désirs, de ses rêves, faire appel à sa créativité. C’est aussi se rapprocher de ses douleurs et de ses souffrances pour mieux les comprendre et les apprivoiser.

 

Cet espace de solitude permet de développer notre capacité à vivre avec nous-même ou autrement dit, à s’accepter. En se réservant des moments seul, pour soi et avec soi, l’individu va rapprendre à consolider son moi intérieur.

La solitude dans un monde hyper connecté :

Bien que nous vivions dans un monde hyper connecté où les relations sociales sont extrêmement valorisées, le rapport à soi n’en demeure pas moins hyper présent. Les réseaux sociaux nous renvoyant continuellement à notre propre image.

 

Nous sommes constamment placés en position de comparaison.  Or notre force intérieure va résider dans notre capacité à nous distancer. Ne pas se laisser envahir par ce que nous regardons, lisons ou écoutons. 

 

En prenant ce recul je m’offre la possibilité de bien identifier ce qui est important pour moi. Je reste connecté à mes émotions. Ce travail d’introspection va consolider la personnalité. Il s’agit donc d’un temps décalé, propice à mieux se connaitre pour bien vivre avec soi-même.

Ces moments viennent en opposition au fait d’être toujours dans l’agir, écartant tout espace de réflexion intérieur possible.

Le calme de la solitude :

Certaines personnes naturellement solitaires, apprécient le calme et ne recherchent pas nécessairement l’approbation des autres.

 

Bien qu’elles puissent avoir une plus grande propension à l’intériorisation, cela n’empêche pas un dialogue constant avec eux-mêmes. Il faut alors apprendre à apprivoiser leur petite voix intérieure notamment en observant les pensées qui les traversent. Positives ou négatives, elles auront une influence sur leur état de santé mentale.

Accepter la solitude:

Même en étant très bien entouré par la famille ou des amis, il est possible de ressentir un certain décalage. Décalage en pensée: une vision différente de la vie, pouvant entrainer de l’incompréhension mutuelle. Par ailleurs, certaines périodes de la vie ou des évènements plus spécifiques tel qu’un deuil ou une rupture peuvent renforcer ce sentiment de solitude car même accompagné, nous demeurons seul pour vivre et intérioriser ces émotions.

A contrario, vivre sereinement sa solitude peut représenter un réel défi et générer de nombreuses angoisses. Cela peut se traduire par une douleur pouvant agir de signal d’alerte.

La solitude lorsqu'elle est subie :

En France, 9 millions de personnes qui disent souffrir du sentiment de solitude.

La solitude est généralement la conséquence de plusieurs évènements successifs douloureux qui auront eu pour conséquences de fragiliser le tissu relationnel de la personne [3]. 

La solitude lorsqu’elle est subie se caractérise par deux symptômes : une insécurité et une incapacité à faire appel aux autres. Elle est le reflet d’un sentiment de souffrance, douloureux voire insupportable, celui de se sentir seul.  En psychologie, on parle d’un état de « souffrance sociale »[4] où l’individu manifeste de la difficulté à s’adapter à son environnement.

Pourquoi la solitude me pèse ?

De nombreuses raisons peuvent rendre le sentiment de solitude difficile à vivre. Que ce soit l’éloignement,  un déménagement, une succession de conflits relationnels, un changement d’école, la perte de son travail, une rupture amoureuse, la maladie ou des critiques sur les réseaux sociaux. Ce sont autant de situations qui sollicitent notre capacité d’adaptation et nous rendent propices à un sentiment d’isolement. La solitude s’apparente alors à un sentiment de rejet, dont les émotions et les pensées négatives peuvent devenir très envahissantes.

 

En psychologie, la théorie de l’attachement primaire (John Bowlby) peut expliquer en partie la difficulté à se sentir bien dans la solitude. En effet, c’est durant l’enfance que se constitue notre base de sécurité interne. Plus ou moins solide, selon le type de soins reçus, cette base de développement est une des clés de notre rapport aux autres et au monde, et de notre rapport à la solitude.

 

Jeune enfant, si j’ai pu développer des bases solides de sécurité intérieure grâce à la présence bienveillante, rassurante et enveloppante des personnes qui me prodiguaient des soins (généralement les parents), mon rapport aux autres le sera tout autant. Mais l’attachement primaire est complexe et il arrive que les bases développées ne soient pas suffisamment fortes. L’isolement social va alors provoquer certaines peurs liée à un sentiment de perte ou d’abandon qui seront plus difficiles à contrôler pour celui qui les subit. Le fait de se sentir seul peut donc devenir particulièrement lourd à porter.

déprime anxiété sociale psychologue en ligne regard des autres solitude jugement
La douleur de se sentir seul:

La solitude peut générer des sentiments vifs avec lesquels il est parfois difficile de composer. Face à la solitude, une personne pourra ressentir un sentiment de vide, d’anxiété, d’agitation, de tristesse ou de marginalisation[4]. Sans pour autant qu’ils soient irréversibles, apprivoiser ces sentiments demandera un effort et un travail sur soi.

 

Une personne qui se sent seule peut souffrir de déprime voire de dépression, vivre de l’anxiété ou de l’épuisement. En se tenant éloignée des autres, elle peut aussi développer des troubles plus handicapants comme de l’anxiété sociale couplé à un manque grandissant de confiance en elle.

Il sera important de trouver les moyens de se reconstruire en étant indulgent avec soi-même.

Se référer et parler à une personne de confiance peut aider à se sentir mieux et surmonter certaines difficultés liées à la solitude du quotidien. Consulter un professionnel pour discuter et comprendre les mécanismes psychiques qui ont pu, peu à peu, engendrer cet isolement pourra se révéler particulièrement efficace. 

Quelle qu’en soit la cause, (accident de la vie ou traumatisme), il est nécessaire de pouvoir en parler sans honte dans le but de regagner une certaine confiance en soi. Elle sera très utile pour s’ouvrir de nouveau à son environnement et mettre un terme à l’isolement.

La solitude de l'expatrié :

Lors d’un déménagement dans un autre pays, la solitude revêt un caractère plus concret, matérialisé par un isolement physique bien réel. 

 

Vivre dans un autre pays que le sien, ne ressemble pas toujours à la vie rêvée d’un travail au soleil, les pieds dans le sable, face à la mer. Véritable déracinement, la dynamique de l’expatriation fait vivre à la fois des moments d’excitation liés à la découverte mais elle nous confronte aussi à une immense solitude. Cette vie loin de toute familiarité nous oblige à revoir nos codes culturels et nous demande une adaptation constante.

seul solitaire déprime angoisse anxiété aide en ligne

Bien que de nouvelles amitiés puissent émerger et mettre un terme à un sentiment d’isolement, la solitude est rarement complètement effacée. En raison des efforts quotidiens que je suis appelé à faire en tant qu’expatrié, pour m’intégrer et comprendre ma nouvelle réalité, je demeure rattaché à ma culture d’origine. C’est pourquoi un sentiment d’incompréhension peut perdurer, tout comme le sentiment d’éloignement. La distance avec mes proches se fera plus pesante car les impacts d’une vie éloignée sont difficilement mesurables en amont. Les événements vécus par nos proches, lointains, sont susceptibles de nous affecter davantage que si nous avions pu les partager avec eux, en présence.

Aussi, quand l’isolement perdure, la solitude peut s’accompagner d’une honte jumelée d’une perte de confiance en soi face au regard de l’autre.

Peu importe les raisons qui nous ont poussé vers ces changement de vie, il est possible que certains proches, famille ou amis, aient émis des réticences et parfois même formellement exprimé leur désapprobation. Nous aurons alors cherché à les convaincre de l’importance pour nous de vivre cette expérience et des bénéfices qui pourraient en découler. Mais ces discussions nous les aurons en tête quand l’expérience sera plus douloureuse rendant plus compliqué  le fait d’admettre que tout n’est pas si rose. Ainsi, nous n’oserons que difficilement nous tourner vers ces proches rendant le rapprochement social plus complexe.

Quelques moyens de vaincre votre éloignement:

Si la solitude éprouvée est trop douloureuse (voir mon article sur la douleur de l’expatriation) il faut pouvoir mettre en place des parades.

 

Sortir de soi :  En allant à la rencontre de nouvelles personnes par le biais de l’école de vos enfants, en contactant des associations de français à l’étranger, en faisant une activité sportive ou même en rejoignant des groupes sur les réseaux sociaux. Autant de possibilités de vous sentir moins seul et de partager cette solitude pour cesser de subir l’isolement.

 

Bien sûr la rencontre avec un psychologue peut vous permettre de surmonter votre isolement. Dans ce cas, n’hésitez pas à rechercher un psychologue francophone, dont la langue et la culture sont les mêmes que les vôtres. Si ce dernier est spécialiste des problématiques d’expatriation alors c’est encore mieux. L’accès à un psychologue en ligne étant largement démocratisé, cela permettra un rapprochement naturel, vous évitant de fournir un effort d’adaptation supplémentaire lors des consultations.

Pour en savoir plus l’anxiété sociale : Se libérer de l’anxiété sociale.

Pour en savoir plus sur l’expatriation: Consulter un psychologue dans sa langue maternelle.

 

Si vous souhaitez approfondir le concept de solitude, je vous réfère au livre des Françoise Dolto intitulé « La solitude ». Ce livre aborde de manière simple et accessible ce sentiment auquel nous sommes tous confrontés à différentes périodes de notre vie. 

[1]Définition du Larousse en ligne sur la solitude

[2]- Françoise Dolto, La solitude (2001), Gallimard

[3] Chiffres 2023 – La solitude – Fondation de France

[4] John Bowlby, travaux sur l’attachement.

[4] Robert S. Weiss, Loneliness: The experience of emotional and social isolation, MIT, 1973

Julie Ogée

Psychologue clinicienne et Psychothérapeute

Spécialiste du développement

N° ADELI : 449328731

Pour en savoir plus sur ma pratique : www.psy-en-ligne-jo.com

Retour en haut